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La ville du futur sera verte

26 avril 2023

Depuis le début du XXe siècle, l’urbanisme en France a intégré la nature dans l’aménagement des villes pour des raisons sanitaires et de bien-être (aération des villes, offrir un cadre agréable aux urbains).

Au fil des années, la vision de la végétalisation des villes a évoluée intégrant la dimension écologique de l’urbanisme, centré sur le développement de la biodiversité. En 2010, le gouvernement de Nicolas Sarkozy lance le plan « Ville durable », à la suite du Grenelle de l’environnent, qui vise à restaurer et développer la nature en ville.

Actuellement, plusieurs milliers de villes dans le monde ont accéléré la végétalisation de leur commune pour lutter contre le dérèglement climatique et offrir des lieux de bien être à leurs habitants. Si introduire la nature en ville a de nombreux atouts, cela peut s’avérer contreproductif voire nocif quand cela est mal réalisé. Végétaliser la ville oui, mais pas à n’importe quel prix.

Végétaliser pour réduire les îlots de chaleur 

Durant l’été la différence de température entre les villes peut varier entre 2°C à 12°C. Dans une ville peu végétalisée, les surfaces en béton et les routes goudronnées stockent la chaleur émise par les rayons du soleil et réchauffe l’air ambiant une fois la nuit tombée. Cet écart de température entre une zone urbaine et une zone rurale est appelé « ilot de chaleur ».

Il est aggravé par :

  • l’activité humaine (transports, climatisations, industries…)
  • l’architecture de la ville (sa dimension, les matériaux des bâtiments, les espacements des bâtiments…).
  • l’imperméabilisation des sols causée par le goudronnage des routes.

Alors, comment faire pour que l’air de la ville se rafraichisse ? La réponse : limiter les surfaces bétonnées et goudronnées et introduire le plus de végétaux en ville.

La végétation et plus particulièrement les arbres avec un feuillage dense à rafraichir l’air ambiant : en créant de l’ombre dans les rues, par l’évapotranspiration des feuilles et par la réflexion solaire. Par exemple, une bande de végétation de 50 à 100 m permet de réduire la température de 0,5°C à 3,5°C dans un rayon de 100 m. L’ombrage créé par les feuilles a pour effet de réduire la température d’une voiture garée sous des arbres d’environ 7°C par rapport à une voiture garée en plein soleil.

Les arbres ne sont pas les seules plantes à avoir une action rafraichissante. L’herbe réfléchit davantage les rayons du soleil que les minéraux, ce qui évite à la chaleur de se stocker dans le sol. Les murs végétalisés avec des plantes grimpantes tel le lierre ont davantage d’effet sur le rafraichissement des rues et des bâtiments que les toits végétaux.

La ville de Montréal est la championne en matière de végétalisation urbaine. Dès le début des années 2000, le centre économique du Québec s’est penché sur le verdissement des rues afin de lutter contre le réchauffement climatique et la pollution en impliquant activement les habitants de la ville pour favoriser la démocratie participative.

Depuis 2007, l’année du plan de verdissement montréalais, dans l’arrondissement de Rosemont-La-Petite-Patrie, et remplacés par des arbres et végétaux. 552 mini jardins et potagers y ont été installés avec des espèces indigènes ayant pour objectif de favoriser la biodiversité. Les habitants du quartier peuvent initier la végétalisation de leur ayant l’accord d’au moins 50% des habitants du quartier. S’il est validé, le projet est entièrement financé par l’arrondissement et un accompagnement leur est apporté pour la réalisation de celui-ci. Un bel exemple de transition écologique.

24h.ca, Montréal- quartier Rosemont-La-Petite-Patrie

Diminuer la pollution aérienne  

L’augmentation de la température au sein des villes, accroit la formation d’ozone et de particules volatiles polluantes qui sont nuisibles pour la santé (maladies cardiaques, respiratoires, augmentation des acariens, moisissures et bactéries dans les bâtiments…).

Pour se rafraîchir, les habitants et professionnels utilisent des ventilateurs, climatisations, fontaines, piscines… gourmands en énergie et en eau. Cela a pour effet d’augmenter les émissions de gaz à effet de serre ce qui créer un cercle vicieux délétère pour la santé et l’environnement.

Et si la végétation n’avait pas que pour avantage de réduire la température des villes ?

La végétalisation urbaine permet non seulement la réduction de la chaleur en ville, mais également de la pollution. Les feuilles des arbres et leur substrat font office de dépolluant en captant et piégeant certains polluants aériens. À titre d’exemple, un arbre mature peut piéger jusqu’à 20 kg/an de particules.

La présence d’arbres et de végétaux est donc très intéressante aux abords des rues, infrastructures routières et de transports afin de limiter à la fois la chaleur et la pollution de l’air et ainsi de favoriser le bien-être des citoyens, animaux et végétaux.

Favoriser le bien être et le lien social avec les espaces verts

En 2016, selon une étude de l’UNEP-IPSOS, 8 Français sur 10 déclarent fréquenter régulièrement des espaces verts, dont 3 au moins une fois par semaine. L’engouement et la demande d’espaces verts en ville est une réelle tendance qui s’explique par le besoin des habitants de se reconnecter à la nature et d’y effectuer leurs loisirs.

Les motifs de fréquentation des parcs, forêts sont divers : se balader avec ses enfants, sortir son chien, pratiquer du sport, se retrouver entre amis, se reposer…

Ainsi, les espaces verts s’ils sont bien pensés répondent à des besoins de bien-être et de lien social. Installer des jardins partagés permet de pouvoir rencontrer ses voisins, de renforcer le lien social, mais également de sensibiliser, préserver et développer la biodiversité. Créer différents espaces au sein d’un parc comme : un espace sport, un espace détente et un espace jardinage a pour avantage de répondre aux besoins divers des usagers.

En 2019, la ville de Limoges aménage le parc des Etoiles situé dans un quartier Politique de la Ville. L’ambition du projet est de créer un parc avec plusieurs espaces, adapté aux besoins divers des habitants pour en faire un lieu de convivialité intergénérationnelle. Le parc se découpe en plusieurs aires thématiques :

  • un lieu dédié à la biodiversité avec l’installation de jardins et vergers partagés
  • un espace de repos avec une placette , un espace de barbecues ainsi que des allées du parc avec des bancs
  • un espace dédié au sport avec la création d’un terrain de foot, une aire de jeux avec tyrolienne et trampoline…
  • et enfin un espace dédié à l’art avec un mur dédié au street art
Parc des Etoiles, Limoges

Comment végétaliser efficacement les villes en favorisant la biodiversité ?

Définir ses objectifs et étudier l’environnement de sa ville 

L’intention de végétaliser sa ville ne suffit pas pour, qu’à long terme, cela soit efficace. Il est essentiel de définir ses objectifs par exemple : créer un parc en centre-ville qui permet aux différents usagers d’en jouir ou bien créer des espaces végétalisés dans chaque quartier pour faire baisser la température ambiante et favoriser la biodiversité.

Le guide pour la végétalisation des villes de l’ADME conseille aux collectivités d’étudier leur environnement pour augmenter les chances de succès du projet. Les questions à se poser sont les suivantes : quelles sont les caractéristiques des sols ? Où va-t-on positionner les végétaux et arbres (ensoleillement, distance par rapport aux zones à rafraîchir…) ? Quel sera la taille des espaces verts, des étendues et points d’eau ? Quel est le climat de ma ville ? Quelle est la morphologie urbaine et quelles sont les caractéristiques des surfaces adjacentes (porosité des sols, albédo, écoulement de l’air…) ?  Quels niveaux de maintenance des végétaux/arbres seront nécessaires pour le projet ?

Une fois toutes ces questions passées en revue et étudiées, vous pourrez choisir consciencieusement les essences d’arbres et de végétaux les plus adaptés à votre environnement et aux besoins et plantes ainsi qu’à vos objectifs.

Favoriser les espaces végétales locales 

On l’a vu, végétaliser sa ville a de nombreux atouts, mais mal réalisée, la végétalisation des villes peut se révéler être contre-productif voir délétère pour l’environnement et la santé.

Certaines essences d’arbres, plantées dans un environnement qui ne leur convient pas et associées avec de mauvaises plantes, peuvent contribuer à la pollution de l’air et être vecteur d’allergènes. C’est le cas par exemple des chênes rouge d’Amérique, chêne vert, saule marsault… qui relâchent des composés organiques volatils qui viennent aggraver la pollution de l’air. Des espèces comme les chênes, platanes, cyprès… sont quant à elles à l’origine d’allergies saisonnières par leurs émissions de pollens irritants provoquant des maladies inflammatoires.

Les arbres exotiques, particulièrement adaptés aux climats arides, puisent profondément l’eau dans le sol et sont capables d’accentuer la sécheresse mettant en péril les autres plantes en les privant d’eau. Pour cela, il est important de favoriser la polyculture en utilisant des espèces indigènes d’arbres et de plantes afin d’éviter la propagation de maladies exotiques et de parasites qui condamnent les végétaux et arbres.

Installer des plantes indigènes a également comme intérêt de favoriser la biodiversité en faisant revenir des insectes et animaux locaux qui sont en voie de disparition.

Il est important de travailler avec des architectes paysagistes sensibilisés à la biodiversité et capables de vous conseiller les meilleures associations et plantes locales.

Quelles solutions pour végétaliser la ville lorsque l’on manque de place ou de budget ?

Installer des plantes en pleine terre peut s’avérer couteux et difficile lorsqu’une ville à forte densité manque de place ou qu’une municipalité manque de budget. Les alternatives sont alors multiples : végétalisation des murs des bâtiments, du mobilier urbain, des toits des bâtiments ou alors encore culture des arbres et végétaux en jardinières.

Toutes les plantes ne sont pas adaptées à ce type de culture. Les plantes grimpantes, par exemple le lierre grimpant, la clématite sauvage ou encore la vigne vierge, sont particulièrement bien adaptés pour végétaliser les murs des bâtiments, mais aussi pour grimper le long des barrières, poteaux, luminaires. Ces plantes ont l’avantage de n’avoir besoin que très peu d’eau, de substrat, d’être peu couteux et de ne nécessiter que peu d’entretien, ce qui en fait des plantes parfaites pour un milieu urbain.

Vous avez pour projet de végétaliser une place sans vouloir décaisser le sol pour y planter des arbres et autres végétaux ? Les bacs et jardinières peuvent être une solution adaptée à condition de choisir des plantes et arbustes qui supportent la culture en pot. C’est le cas par exemple de morelle douce-amère, du bouleau blanc ou encore du charme commun.

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